
La période réfractaire (ou l’après-séisme créatif)
Thursday, April 10, 2025
Photo : Trodblabla / @trodblabla
Il y a toujours ce moment, juste après un shooting qui s’est vraiment bien passé.
Un de ceux où la séance se déroule avec fluidité, où la personne en face, bien qu’elle ne soit pas modèle, s’ouvre en confiance.
La lumière tombe juste, le cadrage fonctionne, et quelque chose de sincère se passe.
Et quand tout se termine… je ressens une forme de calme.
Pas une fatigue, mais une sorte de plénitude.
Le besoin de ne rien faire
Dans ces moments-là, je ne pense pas à programmer un nouveau shooting.
Je ne me précipite pas sur les retouches.
Je n’ai pas envie de publier quoi que ce soit.
Je n’ai tout simplement envie de rien.
Juste de laisser l’expérience résonner en moi.
C’est un sentiment étrange, mais apaisant. Comme si j’étais rassasié.
Et je sais maintenant qu’il fait partie du processus.
Sarah Moon disait :
“Il ne faut pas photographier trop souvent. Chaque séance doit rester un événement.”
Je crois qu’elle a raison.
Si tout devenait automatique, je perdrais ce que je cherche dans la photo : une vraie rencontre.
Un phénomène discret mais réel
On parle souvent du manque d’inspiration, ou du blocage créatif.
Mais ce que je vis là, c’est autre chose.
C’est un retrait volontaire.
Un besoin de silence après un moment fort.
Michael Ackerman a cette phrase que je trouve très juste :
“Le silence après une bonne photo, c’est encore de la photographie.”
Je ne pourrais pas mieux dire.
Prendre le temps de digérer
Photographier, surtout dans mon cadre amateur et collaboratif, c’est avant tout partager quelque chose d’humain.
Et parfois, ce partage est si intense qu’il me faut du temps pour le laisser descendre.
Je ne veux pas enchaîner.
Je veux respecter ce qui vient d’avoir lieu.
Et puis, je ne suis pas dans une logique de production.
Je ne travaille ni pour un client, ni pour une marque.
Je fais ces portraits par envie, par curiosité, par affinité.
Ce luxe de prendre le temps, je l’assume.
Je crois même qu’il est essentiel.
Attendre, simplement
Je sais que l’envie reviendra.
Un message, une idée, une impulsion.
Et alors, je reprendrai l’appareil.
Mais en attendant, je laisse cette période réfractaire jouer son rôle.
Je ne la vois plus comme un creux, mais comme un temps nécessaire.
Elle fait partie du rythme.
De ma manière de photographier.
De ma façon d’habiter la création.
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Lire la suite Read moreThe refractory period (or the creative aftershock)
Photo : Trodblabla / @trodblabla
There’s always that moment, right after a shoot that went really well.
One of those sessions where everything flows naturally,
where the woman in front of the camera — not a professional model — opens up, truly.
The light is right, the framing works, and something honest takes place.
And once it’s over… I feel a kind of stillness.
Not fatigue, but a sense of fullness.
The need to do nothing
In those moments, I don’t feel like planning another shoot.
I don’t rush into editing.
I don’t want to post anything.
I simply don’t feel like doing anything.
I just want to let the experience settle.
It’s a strange feeling, but a peaceful one.
Like I’ve had enough — for now.
And I’ve come to realize this, too, is part of the process.
Sarah Moon once said:
“You shouldn’t photograph too often. Each session must remain an event.”
She’s right.
If everything became automatic, I’d lose what I actually seek in photography: a real connection.
A quiet but real phenomenon
People often talk about creative blocks or lack of inspiration.
But what I’m describing here is different.
It’s a deliberate pause.
A need for silence after something meaningful.
Michael Ackerman put it beautifully:
“The silence after a good photo is still photography.”
I couldn’t agree more.
Time to process
Making portraits — especially in my amateur and collaborative context — is above all a human experience.
And sometimes, that exchange is so intense that I need some time to let it sink in.
I don’t want to move on too quickly.
I want to respect what just happened.
And I’m not working for clients or brands.
I don’t have a schedule to fill or a feed to maintain.
I photograph out of curiosity, out of shared intention, out of trust.
This freedom to take my time — I embrace it.
I even think it’s essential.
Waiting, simply
I know the desire will come back.
Through a message, an idea, a new spark.
And then I’ll pick up the camera again.
But for now, I let this refractory period do its work.
I no longer see it as a lull, but as a necessary part of the rhythm.
It belongs to the process.
To the way I photograph.
To the way I inhabit creativity.