Dick pics : l’exhibitionnisme moderne n’est pas une maladresse
Saturday, December 27, 2025
Crédits Photo : Un peu d’humour avec les délicieux fluffy pancakes faits-maison, aux formes très originales proposés par https://laquequetterie.com/ – Tous droits réservés.
Préambule
Cet article n’est pas dans la continuité de ce que j’écris habituellement. Je parle le plus souvent de photographie, d’images pensées, construites, choisies, partagées avec intention, de matériel, d’expériences, de mes aventures en tant que photographe de portrait amateur.
Mais ces derniers mois, au fil de discussions avec des femmes de mon entourage, un constat est revenu de façon répétée : la réception de contenus sexuels non sollicités, envoyés sans avertissement, sans consentement, et trop souvent sans conséquence pour ceux qui les envoient.
Il ne s’agissait pas de quelques anecdotes isolées. Des femmes d’âges différents, aux parcours différents, sur des plateformes différentes, décrivaient pourtant la même expérience. À force de se répéter, il devenait difficile de continuer à considérer ce phénomène comme marginal, ou comme un simple désagrément inhérent à la vie en ligne.
Ce texte existe donc en marge de mes sujets habituels. Non pas comme une leçon de morale, ni comme une analyse d’expert, mais comme une réaction à un phénomène devenu trop visible pour être ignoré. Si ces pratiques se sont banalisées, alors les nommer, les documenter et tenter d’identifier des moyens de s’en prémunir me semble nécessaire.
Refuser le silence. Refuser la normalisation.
C’est à cet endroit que cet article se situe.
Introduction
Une dick pic, c’est l’envoi non sollicité, par un homme, d’une photo de son sexe — le plus souvent à une femme — via une messagerie privée, un réseau social ou une application de rencontre. Sans demande. Sans contexte. Sans consentement. Ce n’est pas un échange, c’est une irruption.
Le phénomène n’est pas nouveau, mais il a explosé avec la généralisation des smartphones et des messageries instantanées à partir des années 2010. Plus l’envoi d’images est devenu simple, rapide et discret, plus ces pratiques se sont multipliées. En 2025, elles font partie de l’expérience ordinaire de nombreuses femmes en ligne.
Le public ciblé est large. Des femmes jeunes, mais aussi des femmes d’âge mûr, parfois installées dans une vie professionnelle ou familiale, reçoivent ce type d’images non sollicitées. L’âge n’est pas un facteur protecteur. Il n’y a pas de profil type. La simple visibilité suffit.
On explique souvent ces envois comme des tentatives de drague maladroites. Personnellement, je n’y crois pas. Les réactions sont connues, prévisibles, massivement négatives. Les hommes qui envoient ces images savent très bien ce qu’elles provoquent : gêne, malaise, colère, rejet.
C’est pour ça que je les vois comme les exhibitionnistes des temps modernes.
Historiquement, l’exhibitionnisme repose sur une logique simple : le plaisir d’imposer la vision de son corps à quelqu’un qui ne l’a pas demandé. Le regard forcé, la transgression, le choc suffisent à produire une excitation sexuelle. Il n’a jamais été question de séduction ni de réciprocité.
Le numérique n’a rien inventé. Il a tout facilité. Plus besoin d’affronter le regard direct, le risque immédiat, l’exposition publique. Un écran remplace l’espace réel. L’acte devient rapide, répétable, discret — et donc massif.
Ce qui compte, ce n’est pas la réponse. C’est le moment où l’autre voit.
Ce que dit la loi française
Il est important d’être clair : le droit ne considère pas une dick pic comme un acte anodin.
Selon le contexte, l’envoi non sollicité d’images sexuelles peut relever de plusieurs qualifications pénales.
Harcèlement sexuel
Article 222-33 du Code pénal.
Le fait d’imposer à une personne des propos ou comportements à connotation sexuelle portant atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, ou créant à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante. L’envoi d’une dick pic entre dans ce cadre.
Cyberharcèlement
Article 222-16-2-2 du Code pénal.
Lorsque les faits sont répétés ou commis via un service de communication au public en ligne.
Exhibition sexuelle
Article 222-32 du Code pénal.
La qualification fait débat dans le contexte numérique, mais elle est de plus en plus invoquée lorsque l’acte consiste à imposer la vision d’un sexe sans consentement, y compris à distance.
Outrage sexiste ou sexuel
Articles 222-33-1-1 (délit) et R625-8-3 (contravention) du Code pénal.
Dans certains contextes, lorsque le comportement à connotation sexuelle est dégradant ou humiliant.
Lorsque la victime est mineure, les faits changent immédiatement d’échelle et les peines encourues sont beaucoup plus lourdes.
Dick pic et viol : poser la limite sans minimiser
Juridiquement, une dick pic n’est pas un viol. En droit français, le viol implique un acte de pénétration sexuelle commis par violence, contrainte, menace ou surprise.
Cette précision est essentielle, mais elle ne doit pas servir d’alibi. Il s’agit bien d’un acte sexuel imposé, sans consentement, reconnu comme une violence sexuelle sans contact. Si le droit peine encore à le nommer pleinement, c’est aussi parce que le numérique a pris de vitesse les cadres juridiques existants.
À ceux qui envoient ces images
Messieurs, il est temps de dissiper un malentendu persistant : aucune femme n’attend, n’espère ou ne désire recevoir une photo de votre sexe. Ce geste n’est pas perçu comme audacieux, flatteur ou excitant. Il est perçu comme imposé, déplacé et intrusif.
Internet n’est pas un espace réellement anonyme. Un pseudo, un compte jetable ou une messagerie privée ne constituent pas une protection. Les plateformes conservent des données. Les connexions, les historiques, les signalements laissent des traces. L’autorité judiciaire peut en obtenir communication dans le cadre d’une enquête.
La sensation d’impunité est un mirage. Les procédures peuvent être longues, mais chaque signalement compte, chaque preuve conservée alimente un dossier, et chaque récidive aggrave la situation de celui qui pense « juste envoyer une photo ».
Fin 2025 : le constat. 2026 : une résolution collective
Cette résolution n’est pas individuelle. Elle concerne d’abord celles qui subissent.
Pour 2026, l’enjeu est simple : ne plus banaliser, ne plus minimiser, ne plus laisser passer. Une dick pic n’est ni une blague, ni une maladresse, ni un malentendu numérique. C’est un acte sexuel imposé, et la loi française le reconnaît.
Face aux lenteurs administratives et au sentiment d’impunité, l’idée d’exposer publiquement les auteurs traverse de plus en plus d’esprits. Non par goût de la vengeance, mais par fatigue et par besoin de protection. Juridiquement, cette pratique est risquée et souvent non permise. Le simple fait qu’elle apparaisse comme une option dit surtout combien le système laisse encore trop souvent les victimes seules.
Documenter, signaler, nommer — dans le cadre de la loi — et refuser collectivement la banalisation. Le consentement ne disparaît pas derrière un écran. Et l’impunité ne tient jamais aussi longtemps qu’on le croit.
Ressources et signalements en France
Plateforme officielle de signalement
PHAROS
https://internet-signalement.gouv.fr/
Dépôt de plainte
Plainte en ligne
https://plainte-en-ligne.masecurite.interieur.gouv.fr/
Informations
https://www.masecurite.interieur.gouv.fr/fr/demarches-en-ligne/plainte-en-ligne
Aide aux victimes
France Victimes
Téléphone 116 006
https://www.france-victimes.fr/
Violences sexistes et sexuelles
https://arretonslesviolences.gouv.fr/
https://arretonslesviolences.gouv.fr/besoin-d-aide
Mineurs et violences numériques
3018
https://e-enfance.org/besoin-daide/
Urgence
17 ou 112
SMS 114
Dick Pics: Modern Exhibitionism Is Not a “Misunderstanding”
Photo credits: delicious homemade fluffy pancakes in delightfully quirky shapes from https://laquequetterie.com/ – All rights reserved.
Preamble
This article is not a continuation of what I usually write. Most of the time, I talk about photography—about images that are thought through, built, chosen, and shared with intention. I write about gear, experience, and my own path as an amateur portrait photographer.
But over the past months, through conversations with women I know personally, the same reality kept coming up repeatedly: unsolicited sexual content, sent without warning, without consent, and too often without any real consequences for those who send it.
These were not a few isolated stories. Women of different ages, different backgrounds, on different platforms, were describing the same experience. As it repeated itself, it became increasingly difficult to keep treating this as a marginal issue, or as a minor inconvenience inherent to being online.
This text therefore exists on the margins of my usual subjects. Not as a moral lesson, and not as an expert analysis, but as a reaction to a phenomenon that has become too visible to ignore. If these practices have become normalized, then naming them, documenting them, and trying to identify ways to protect against them feels necessary.
Refusing silence. Refusing normalization.
That is where this article stands.
Introduction
A dick pic is the unsolicited sending, by a man, of a photo of his genitals—most often to a woman—via private messaging, social media, or dating apps. No request. No context. No consent. This is not an exchange; it is an intrusion.
The phenomenon is not new, but it exploded with the widespread adoption of smartphones and instant messaging in the early 2010s. The easier, faster, and more discreet it became to send images, the more common the practice grew. By 2025, it has become a routine part of many women’s online experience.
The targets are diverse. Young women, but also middle-aged women—sometimes professionally established, sometimes with families—receive these unsolicited images. Age is not a shield. There is no single profile. Visibility alone is enough.
These messages are often framed as clumsy attempts at flirting. I don’t believe that explanation. The reactions are well known, predictable, and overwhelmingly negative. The men who send these images know exactly what they provoke: discomfort, anger, rejection.
That is why I see them as the modern version of exhibitionists.
Historically, exhibitionism has followed a simple logic: sexual gratification drawn from forcing someone else to see one’s body. The shock, the transgression, the imposed gaze are sufficient. Seduction or reciprocity were never the point.
Digital technology did not invent this behavior. It made it easier. No need to face someone directly, no immediate risk, no public exposure. A screen replaces physical space. The act becomes quick, repeatable, discreet—and therefore widespread.
What matters is not the reply. It is the moment when the other person sees.
What the Law Says (France, for Reference)
It is important to be clear: the law does not treat a dick pic as harmless.
Depending on the circumstances, sending unsolicited sexual images can fall under several criminal offenses in France.
Sexual harassment
French Penal Code, Article 222-33.
Imposing sexual remarks or behavior that violate a person’s dignity or create an intimidating, hostile, or offensive situation. Sending a dick pic fits squarely within this definition.
Cyberharassment
French Penal Code, Article 222-16-2-2.
When such acts are repeated or committed through online communication services.
Sexual exhibition
French Penal Code, Article 222-32.
This qualification is debated in digital contexts, but it is increasingly raised when someone imposes the view of their genitals without consent, even remotely.
Sexist or sexual insult
French Penal Code, Articles 222-33-1-1 (misdemeanor) and R625-8-3 (violation).
Applicable in situations involving degrading or humiliating sexual behavior.
When the recipient is a minor, the legal framework changes entirely and penalties increase significantly.
Dick Pics and Rape: Drawing the Line Without Minimizing
Legally, a dick pic is not rape. Under French law, rape requires an act of sexual penetration carried out through violence, coercion, threat, or surprise.
That distinction matters—but it should not be used as an excuse. A dick pic is still a non-consensual sexual act, recognized as sexual violence without physical contact. If the law struggles to fully name it, it is largely because digital practices have outpaced legal frameworks.
To Those Who Send These Images
Gentlemen, it’s time to clear up a persistent misunderstanding: no woman is waiting for, hoping for, or secretly wanting a photo of your genitals. This gesture is not seen as bold, flattering, or exciting. It is experienced as imposed, inappropriate, and intrusive.
The internet is not truly anonymous.
A username, a burner account, or a private chat does not protect you. Platforms retain data. Connections, logs, reports, and metadata leave traces. Courts can compel platforms and service providers to hand over this information during an investigation.
The feeling of impunity is a mirage. Procedures may be slow, but every report matters. Every screenshot strengthens a file. Every repeat offense worsens the legal position of someone who thinks they are “just sending a photo.”
End of 2025: The Diagnosis. 2026: A Collective Resolution
This is not a personal resolution. It concerns, first and foremost, those who are targeted.
For 2026, the goal is simple: stop trivializing, stop minimizing, stop letting it slide. A dick pic is not a joke, not a mistake, not a digital misunderstanding. It is a non-consensual sexual act, and the law recognizes it as such.
Faced with slow procedures and a sense of impunity, more and more victims consider publicly exposing perpetrators online. Not out of revenge, but out of exhaustion and a need for protection. Legally, this is risky and often not permitted. The fact that it even appears as an option says a lot about how often victims are left alone.
Document. Report. Name the behavior—within the law—and collectively refuse to normalize it. Consent does not disappear behind a screen. And impunity rarely lasts as long as people think.
Reporting and Support Resources
France
Official reporting platform
https://internet-signalement.gouv.fr/
United States
For minors
https://report.cybertip.org/
Victim support
https://www.rainn.org/
European Union
Justice portal
https://e-justice.europa.eu/
Germany
https://www.bka.de/
United Kingdom
https://www.actionfraud.police.uk/
https://www.victimsupport.org.uk/
Spain
https://www.policia.es/
https://www.guardiacivil.es/
Emergency
112 in the EU
911 in the US